lundi 9 avril 2012

La S-F dans toute sa splendeur !

Voici trois oeuvres lues pour les lectures de Mme Audin.



1. BRADBURY R., Fahrenheit 451, Gallimard, "folio SF", 2011, Paris


Montag est pompier, c'est-à-dire qu'il brûle tous les livres, voire les maisons et même les occupants de ces maisons où l'on a trouvé des livres. Montag se satisfait dans son métier. 
Mais il va rencontrer Clarisse, une jeune fille pas tout à fait comme il le faudrait: elle discute, s'interroge, ... À partir de cette rencontre, Montag va se rendre compte qu'il n'est pas heureux, et lui-même va se questionner sur la société dans laquelle il vit et sur les règles qui la régissent. 
Montag, déjà tombé dans l'illégalité en détenant plusieurs livres, va s'y enfoncer encore plus. 
Une chasse s'engage alors contre lui. Il finit par s'échapper et il fuit la ville, sur les conseils d'un homme plus âgé qui l'a aidé. 
En périphérie de la ville, il va rencontrer un groupe d'hommes érudits et seuls. Ils sont les détenteurs de la connaissance : chacun d'eux a mémorisé un livre qui a marqué les générations précédentes. 
Ensuite, la guerre éclate et la ville est bombardée. Les érudits savent alors qu'ils pourront peut-être un jour changer les mentalités. 
Le livre a connu une adaptation cinématographique.

J'avoue que je n'ai pas du tout apprécié cette histoire. Je ne distingue même pas clairement les principes imposés par la société dans laquelle évolue Montag, excepté l'interdiction de lire. De plus, j'ai l'impression que le récit était un peu sans queue ni tête, les évènements se déroulent sans vraiment suivre une logique. Enfin, je ne comprends pas les dires des érudits à la fin du récit. Pour moi, ils sont comme "fous" !
J'ai donc été déçue par ce livre.



2. K. DICK P., Le maître du Haut Château, J'ai lu, 1970, Paris

En revanche, je n'ai pas du tout été déçue par ce roman-ci. L'auteur nous propose une histoire reflétant une société née de la victoire de l'Allemagne et du Japon durant la deuxième guerre mondiale. Tout cela au travers des histoires de différents personnages. Dans chaque situation, au moins un des protagonistes lit "La Sauterelle pèse lourd", un roman qui raconte ce qui se serait passé si c'était les Alliés qui avaient remporté la guerre. Un des personnage, Juliana, va être tellement bouleversée par ce récit qu'elle décide de se rendre chez l'auteur du livre et de lui poser la question qui lui tient à coeur... À vous de lire pour la connaître ;)



3. SILVERBERG R., Les temps parallèles, Le Bélial, Le Livre de Poche science-fiction, 2004, Paris



Dans une société très libérée sexuellement, où on utilise toutes sortes d'hallucinogènes pour augmenter le plaisir et les sensations, Jud Elliott décide de s'engager dans le Service Temporel, en tant que Guide. Durant cette année 2059, les voyages temporels sont plus que lucratifs : pour une somme importante, des touristes peuvent visiter une époque de leur choix et vivre ainsi les évènements réels. 
Jud, spécialiste de l'histoire de Byzance, suit d'abord des cours théoriques, puis est formé par d'autres guides très charismatiques. 
Lorsque Jud peut enfin guider seul ses touristes, il va s'embarquer parallèlement dans une histoire d'amour avec une de ses ancêtres. Malheureusement, un touriste va déroger aux règles et s'enfuit dans les temps parallèles. Jud, qui veut d'abord régler le problème par lui-même, va créer des paradoxes temporels. 
S'ensuit une chasse infernale pour retrouver le touriste en question, avec l'aide de tous les amis de Jud... et l'autre Jud !
Mais les conséquences vont se révéler plus que dramatiques pour tous les Jud des temps parallèles... 

J'ai vraiment bien aimé cette histoire, pleine de suspens concernant le sort de Jud; mais il y avait pour moi trop de sexe !

"Tu as les mêmes yeux que moi, la même couleur de cheveux. Nous nous ressemblons tellement. Toi aussi tu te poseras des questions. Et tu finiras par comprendre, petit frère. Tu verras. [...] On est pareils. Je te regarde dans les yeux et c'est comme si je me regardais dans un miroir qui permet de remonter le temps. Ils ne t'ont fait que pour moi, n'oublie pas."

MICHAELS R., Genesis Alpha, Milan, "Macadam", 2008, Toulouse



Genesis Alpha, un jeu complet où l'on peut évoluer selon ses choix. Josh et son frère Max, plus âgé que lui, sont fous de ce jeu : dès que le week-end arrive, ils passent tous leur temps libre à jouer ensemble, Josh depuis la maison, et Max depuis sa chambre à la fac. 
Mais tout bascule quand Max est arrêté par la police et inculpé pour le meurtre de Karen Crosse, une étudiante à peut près du  même âge que lui. Josh et ses parents sont persuadés que Max est innocent. Cependant, les certitudes de Josh vont être ébranlées par Rachel, la soeur de Karen, qui s'est cachée dans la cabane de jardin de la famille de Josh. 

Elle finit par convaincre Josh que Max avait un autre personnage sur Genesis Alpha et qu’il l’utilisait pour avoir des « proies ». Josh et elle vérifient et découvrent les dizaines de conversations que Max avait avec plusieurs filles. Il recueillait le plus d’informations possibles sur elle, et Rachel faisait partie de ses filles. Sauf que, sur un coup de tête, elle s’est fait passer pour sa sœur. Rachel est donc devenue la cible de Max et non Karen.

Josh ne comprend pas, même s’il sait que Max est bien le coupable. Il fini par avouer à son père ce qu’il a découvert, et en conséquence, Max finit par avouer son crime. Mais lorsque Josh rend visite à Max, celui-ci sous-entend autre chose par rapport à leur ressemblance si forte. Quelque chose que Josh ne comprendra qu’en regardant une émission où apparaît le nouvel avocat de Max. Josh est le clone de Max, et pas seulement un bébé-médicament comme il l’avait toujours pensé.

Josh est-il destiné à devenir un tueur comme son frère/clone ?



Avant de lire le roman, j’ai lu le résumé apéritif, ce que je fais pourtant rarement. Et je pense que je n’aurais pas dû. En fait, il y a un paragraphe que j’aurais préféré ne pas lire : « Tout accuse Max. Mais est-il vraiment le monstre que l’on dépeint ? La vérité risque d’être plus terrible encore… ». Ainsi, durant toute ma lecture, je savais que Max serait coupable, mais je m’attendais aussi à un élément supplémentaire. J’ai adoré l’histoire, mais savoir plus ou moins à quoi m’attendre s’est révélé fort décevant !


Ce livre pose plusieurs questions. 

Premièrement, quelle est l’importance du jeu et d’internet en général dans la “préparation” du crime ? En effet, Max choisit ses “proies” et recueille des informations sur celles-ci grâce au jeu Genesis Alpha. En conséquence, la question de connaître la véritable identité de l’individu auquel on s’adresse par l’intermédiaire d’internet se pose également. Ce n’est pas vraiment le cas de Max ici, même s’il ne révèle que peu d’informations sur lui, mais c’est plutôt le cas de Rachel, qui se fait passer pour sa sœur, sans arrière pensée. Le livre met donc en garde le lecteur : celui-ci doit être très vigilant concernant le monde d’internet, et plus particulièrement lorsqu’il rentre en contact avec d’autres internautes.

Deuxièmement, ce roman pose la question du rôle de l’éducation dans la « création » d’un meurtrier. Est-ce une question de génétique ou d’éducation et d’environnement ? Dans le cas présenté par le livre, j’aurais tendance à dire qu’il y a un peu des deux. En effet, peut-être que Max a été vraiment traumatisé après avoir découvert que Josh était son clone. Mais n’importe quel enfant ne serait pas devenu psychopathe pour autant ; en plus de l’influence de son environnement, Max est fragile. L’un d’un l’autre, cela a crée chez lui un déséquilibre, qui s’est exprimé par une tendance au meurtre. D’ailleurs, il n’est pas dit dans le livre si Max a commis d’autres crimes ou non.

Troisièmement, la question de l’éthique par rapport au bébé-médicament puis au clonage se pose également. 

Peut-on utiliser un être humain pour en guérir un autre ? Quel est l’impact psychologique sur cet être-médicament ? Dans ce récit, je pense que l’impact sur Josh est assez limité car ses parents lui ont expliqué le processus depuis son enfance, ainsi que le fait que ça ne change rien au niveau de l’amour qu’il lui porte. 

Ensuite, peut-on ou non cloner un être humain ? Quelles sont les conséquences pour l’être qui fait l’objet du clonage ? Et quelles sont-elles pour « le clone » ? Le narrateur dans ce récit est « le clone ». Je pense bien sûr que ce n’est pas anodin : en effet, nous pouvons ainsi connaître l’impact de la révélation sur Josh, les questionnements qui en découlent. Josh sait qu’il est différent de son frère, même s’ils ont le même ADN ; ou plutôt, il veut s’en convaincre totalement. Ses parents ne cessent de lui répéter qu’ils ne sont pas plus qu’une sorte de jumeaux : chacun d’un a développé sa propre personnalité. De plus, la différence d’âge implique qu’ils ne sont de toute façon pas identiques, ou plutôt, pas identiques au même moment. En ce qui concerne Max, on ne sait pas vraiment ce qu’il pense, mais on peut deviner que la révélation a un certain impact sur lui, vu les conséquences qui vont en découler (même si on ne peut pas dire que la révélation du clonage soit la seule cause de ces événements).

De plus, la question de l’éthique se pose en parallèle avec la question de la légalité. En effet, si une loi interdisant le clonage est passée, c’est qu’il y a de bonnes raisons. Cependant, dans le roman, l’avis des parents est assez convainquant : ils sont persuadés que cloner un être humain, ne rend pas les deux êtres identiques ; ils en ont d’ailleurs la preuve avec Josh et Max, ils ont tous les deux des personnalités différentes, malgré des intérêts et des goûts proches.

De mon côté, je suis un peu partagée. Je pense que les parents ont eu raison de cacher le clonage, non seulement pour la question de la loi, mais également pour la question des réactions du reste de la population. En effet, ils voulaient sauver la vie de leur enfant, ce n’était pas une sorte de « jeu » pour eux. D’autre part, il reste beaucoup de « superstitieux » et de conservateurs, ceux-ci peuvent ne pas comprendre et ne pas accepter. Mais nous avons une preuve dans ce roman que deux êtres clonés peuvent vivre indépendamment et différemment l’un de l’autre. Selon moi, l’intention des parents dans le roman est louable, ils ont également élevé leurs enfants très correctement, en leur montrant l’importance d’avoir sa propre personnalité. De plus, le contexte du clonage leur est plutôt « favorable », la différence d’âge permet la « différenciation » des individus. Ils ont ainsi sauvé une vie, et donné naissance à un deuxième individu qu’ils aiment autant que le premier, et pour ce qu’il est, indépendamment de son frère. 



Mais, de toute façon, j'ai ADORÉ cette histoire ! De plus, c'est un roman très intéressant à envisager en classe. 

Docteur Jekyll VS M. Hyde. Un combat profond et violent.

Avant de commencer ma lecture, je connaissais déjà des bribes de cette histoire au travers de liens intertextuels dans d'autres oeuvres, notamment dans "La ligue des Gentleman extraordinaires", film dont l'un des protagonistes est le Dr Jekyll/M. Hyde. Il existe également des adaptations cinématographiques dédiées à cette oeuvre. Et je dois dire que je trouve cela dommage. Le suspens a une place importante dans le récit et il a été "gâché" par mes connaissances antérieures ! 

Image du film "La ligue des Gentleman extraordinaires" 


En dehors de cet élément, j'ai vraiment adoré cette histoire ! Je la trouve vraiment intéressante ! 
Néanmoins, je m'interroge sur le public visé par cette oeuvre. À des jeunes de quel âge est-il judicieux de présenter ce roman ?  Je trouve que le vocabulaire peut entraver la compréhension. Cependant, il serait peut-être intéressant d'envisager ce roman pour justement aborder un vocabulaire et un style plus soutenus. En comparaison, des autres romans envisagés durant cette année, le niveau de langue est vraiment différent ! 
De plus, c'est une histoire plus noire qui est présentée, avec une fin tragique, des problèmes plus profonds et plus psychologiques que ce qui a été abordé jusqu'ici au travers des romans (la noirceur de l'âme humaine, la déchéance et les vices, les déviances scientifiques). En effet, certains abordaient des problèmes de fond, mais une fin plus agréable était alors proposée. 



STEVENSON R. L., L'étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, Gallimard, "folioplus classiques", 2005, Paris