Hunger Games nous présente plusieurs personnages : l’héroïne, Katniss, issue du district Douze, vit seule avec sa
sœur Prim et sa mère, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis que le père
est décédé. Gale, son meilleur ami, et elle sont des battants et pratiquent
régulièrement la chasse (pourtant interdite) afin de permettre la survie de
leur famille en allant sur le marché noir. Katniss et Gale s’occupent tous les
deux de leurs frères et sœurs respectifs et rêvent souvent d’une vie meilleure
pour leur famille.
Quand arrive le jour de la Moisson (le jour où les
deux tributs de chaque district sont sélectionnés pour participer aux jeux),
c’est le nom de Prim qui est tiré au sort. Katniss se porte alors volontaire
afin d’épargner les jeux à sa sœur, âgée de 12 ans.
Katniss et le tribut garçon de son district, Peeta,
fils du boulanger, partent alors pour le Capitole, accompagnés par leur mentor,
Haymitch, le dernier gagnant des Hunger Games issu du district douze. Là, ils
sont dorlotés, nourris comme des rois, ils participent aux entrainements et sont
présentés au public. À partir de ce moment, toutes les stratégies sont
possibles pour amadouer les sponsors qui pourraient se révéler très utiles
durant le jeu
Ensuite, arrive le moment de débuter les jeux. Les
tributs sont lâchés dans un environnement construit de toute pièce. Les Hunger
Games ne prendront fin que lorsqu’il ne restera qu’un tribut sur les
vingt-quatre de départ. Au fil des jeux, les tributs sont peu à peu éliminés. Mais
une annonce a été faite : les règles ont changé : deux tributs d’un
même district peuvent maintenant remporter la compétition. Katniss part donc à
la recherche de Peeta…
Pour la fin des jeux, ils sont forcés de se rendre
dans la zone centrale du terrain, là où se trouve la corne d’abondance. Là, un
combat acharné s’engage entre eux et Cato, tribut impitoyable d’un autre
district. Cato est finalement éliminé, et Katniss et Peeta s’estiment donc
gagnants… Jusqu’à ce que la nouvelle règle soit annulée. Cela implique que
Katniss et Peeta doivent s’affronter. À la place, Katniss convainc Peeta d’utiliser
une ruse pour leur éviter cette issue. Ils parviennent donc à déjouer la règle,
et sont les deux gagnants de ces Hunger Games. Mais, par cet acte, Katniss a
défié ouvertement le Capitole. Et cela ne plaît évidemment pas à tout le monde.
Les conséquences sont développées dans le second tome : « L’Embrasement ».
Suzanne Collins est née en 1964, elle est « romancière et auteur[e] de bande dessinée.
Elle a commencé
sa carrière en 1991 comme scénariste de spectacles télévisés pour enfants. Elle
a travaillé sur plusieurs émissions de télévision pour la chaine Nickelodeon.
C'est la
rencontre d'un auteur de livres pour enfants qui l'a poussée à se lancer elle
aussi dans cette voie. Après plusieurs livres de fantasy, elle connaît un
immense succès international avec le premier tome de sa série Hunger Games.
The Hunger Games est le premier
roman d'une trilogie, qui a été publié en Septembre 2008 par Scholastic Press
[…]. Il a été suivi par Catching Fire
(L'Embrasement), en Septembre 2009
[…]. Le troisième livre de la trilogie (Mockingjay)
est sorti en 2010. Le titre français, La
Révolte, est sort le 05 mai 2011. Elle
[a aidé et travaillé] sur le script d'une adaptation de la trilogie au cinéma.»
Hunger Games
s’inscrit clairement dans le genre de la science-fiction : le lecteur sait
que le récit se situe dans le futur, dans une zone géographique correspondant
aux États-Unis actuels. De plus, le Capitole use d’une science, d’une technologie
qui n’existe pas dans notre société actuelle.
Ce roman aborde plusieurs
thèmes. Le premier, comme souvent dans les romans de science-fiction, envisage
les abus d’une entité s’attribuant tous les pouvoirs, notamment le droit de vie
ou de mort sur son peuple. Cette entité, le Capitole, organise chaque année des
jeux pour rappeler que la vie dans les districts se mérite, et que toute
rébellion se paye. Cependant, le Capitole a compris qu’il ne suffisait pas
« d’exterminer » des gens au hasard pour maintenir la peur, il faut
que le peuple garde un espoir, et cet espoir est incarné par le survivant des
jeux.
Le deuxième thème abordé
est celui de la dérive des téléréalités. En effet, les habitants du Capitole
raffolent des jeux, des combats à morts, de la cruauté, des histoires d’amour,
de haine, d’amitié,… Rien n’est épargné
aux tributs : des feux dévastateurs, des abeilles tueuses, des
chiens-monstres affamés de chair fraiche,… Tout ça pour le plaisir des habitants
du Capitole. Or, ce sont des vies qui sont en jeu, les vies de tributs qui
n’ont plus d’intimité, qui doivent simuler pour espérer s’attirer les faveurs
des sponsors et donc survivre.
Le troisième thème
envisagé est un aspect de la nature humaine : la cruauté. D’une part, la
cruauté gratuite, comme celle des tributs des districts Un ou Deux, éduqués
dans la préparation physique à la résistance aux jeux ; être tribut dans
ces districts est un véritable honneur. D’autre part, la cruauté d’enlever une
vie pour survivre. Katniss, Peeta, et d’autres tributs sont obligés d’ôter des vies, peu importe les
moyens utilisés, tant que leur propre vie est préservée.
Le but de ce livre est
évidemment de mettre en garde (but inhérent à la science-fiction) ; mettre
en garde contre les abus de pouvoir. Des questionnements découlent alors :
Pourquoi les districts ne s’allient-ils pas pour se rebeller ? Dans
quelle mesure peut-ont faire semblant ? Peut-on tout simuler et à
quel prix ? Ensuite, l’homme est-il naturellement cruel ou la cruauté nait-elle
au contact d’un environnement qui l’imposerait ? Mais également, peut-on
vivre normalement quand on a ôté des vies ? Haymitch donne au lecteur un
élément de réponse… Les tributs gagnants sont effectivement en vie, mais est-ce
une vie qui mérite d’être vécue ? Ils sont censés représenter l’espoir,
mais eux-mêmes n’ont plus d’espoir…
Hunger Games, comme
mentionné plus haut, a fait l’objet d’une adaptation cinématographique dont le
premier volet vient de sortir en ce mois d’avril. Le film respecte assez
globalement le récit : les caractères des personnages sont évoqués
correctement, les événements également. Mais la dimension psychologique des
personnages n’est pas présentée dans le film ; ce qui est normal vu les contraintes
de l’image. Mais c’est donc toute une partie de l’histoire qui est
amputée !
L’histoire de Hunger Games répond aux attentes des
jeunes (et moins jeunes) lecteurs en termes d’actions : elle est pleine de
suspens et de rebondissements. Cependant, il ne peut que deviner l’issue des
jeux, du moins en partie. « On s’y attendait ! » serait la
phrase qui caractérise le mieux le récit. Pourquoi consacrer une trilogie à une
histoire dont le héros mourrait dans le premier tome ? Mais, évidemment,
on devine que l’histoire va plus loin dans les autres tomes et ne se limite pas
à la victoire des jeux.
De plus, et cet élément
n’est pas des moindres, le sujet a déjà été abordé. C’est même plus que
ça : Hunger Games est clairement
tiré de Battle Royal, de Kōshun Takami :
à part la zone géographique et quelques conditions de jeux, l’histoire de Hunger Games lui ressemble en tous
points…
On peut donc s’interroger
sur la légitimé de ce roman et de son statut de « best-seller ». Comment
justifier, pourtant, un tel engouement du public ? Un élément de réponse
pourrait être la distance entre les années d’éditions : le public visé a
changé depuis. Malgré cela, les lecteurs de Battle
Royal n’auront sûrement pas apprécié cette imitation…
Hunger Games est, certes,
une histoire attrayante et passionnante, mais Suzanne Collins ne peut en tirer
aucun mérite !